ZFE: tribune sur la ZFE de Jacques Baudrier

Tribune parue dans le journal l’Humanité le 28 avril 2025. https://www.humanite.fr/en-debat/pollution-de-lair/fin-du-monde-ou-fin-du-mois-faut-il-choisir-2-2

Le gouvernement prend des mesures à rebours de l’accompagnement nécessaire des ménages modestes vers la transition

40 000 personnes meurent chaque année en France à cause de la mauvaise qualité de l’air. L’améliorer est une urgence de santé publique, en particulier pour les classes populaires, les plus touchées. Le débat sur les zones à faibles émissions (ZFE) doit partir de là. Il faut moins de voitures polluantes, mais il faut accompagner la transition vers des véhicules moins polluants. C’est pour cela que le budget de l’État pour accompagner cette transition est essentiel, et en particulier le budget pour le bonus écologique et la prime à la conversion. Les choix en la matière du budget 2025 de l’État sont un véritable scandale, puisque ce budget est passé de 1,5 milliard en 2024 à seulement 700 millions en 2025. L’État a tout simplement supprimé toutes les primes à la conversion qui permettent justement aux catégories populaires de changer de voiture pour des modèles moins polluants. Ce choix irresponsable rend impossible la mise en place dans de bonnes conditions des ZFE : comment les ménages modestes peuvent-ils changer de véhicule sans aides ?

Ce choix est d’autant plus choquant que dans le même temps, l’État a augmenté les malus automobiles sur les véhicules lourds et polluants. C’est un choix justifié qui va toucher en particulier les grandes entreprises et les ménages très aisés qui achètent de grosses voitures. Les recettes, qui étaient de 400 millions en 2024, passent à 1,5 milliard en 2025 et 2,5 milliards en 2026. Cet argent prélevé à juste titre sur les plus riches peut tout à fait être utilisé pour financer des primes à la conversion beaucoup plus importantes pour aider les ménages modestes à acheter des véhicules électriques de petite et moyenne taille. L’avenir de la filière automobile, ce sont des petites voitures électriques à moins de 15 000 euros que les ménages modestes pourraient acheter à moins de 10 000 euros grâce à une prime à la conversion. Mais il faut pour cela un budget de l’État conséquent pour la prime à la conversion !

Au nom des élus communistes de la métropole du Grand Paris (MGP), j’ai défendu et obtenu une évolution des aides à la conversion de la MGP recentrées sur des véhicules moins lourds, moins polluants et privilégiant la fabrication en France. La preuve en est qu’on peut obtenir des avancées. Mais si dans le même temps l’État nous abandonne, cela ne marche pas. Les 20 millions engagés par la MGP ne suffiront pas, loin de là, à compenser les 800 millions annuels supprimés par l’État.

Pour améliorer la qualité de l’air et sauver des milliers de vies, pour gagner la bataille pour le climat, il faut une politique de développement des transports publics et du vélo, il faut des budgets importants de primes à la conversion pour accompagner la transition de la filière automobile vers des petits véhicules électriques accessibles financièrement aux classes populaires.

Jacques Baudrier

Adjoint PCF à la ville de Paris en charge de la transition écologique