Un courrier à la Ministre du Logement

Objet : Demande de rendez-vous

Madame la Ministre,

La crise du logement qui étrangle l’Île-de-France n’est pas simplement une affaire de chiffres, mais une réalité déchirante vécue par des milliers de familles.

Après des années sans ministère dédié, démontrant le peu d’ambition accordé à cette question, nous pensons que nous devons vous alerter sur les conséquences de cette crise pour la population de notre Métropole.

Les chiffres révèlent les difficultés croissantes de nos concitoyens : 570 000 logements sociaux pour 2,4 millions de demandes, créant un ratio écrasant de 4,3 demandes pour chaque offre. Depuis 2017, le nombre de demandeurs a explosé de 17 %, signe d’une détresse grandissante face à des loyers et des prix immobiliers dans le secteur privé qui semblent avoir perdu tout lien avec la réalité. Cette situation est d’autant plus choquante en Île-de-France, où la moyenne des loyers dépasse de 43% celle de la région PACA, pourtant classée deuxième dans le palmarès des régions aux loyers les plus élevés.

En parallèle, les dépenses publiques en matière de logement ont diminué de 10,8% depuis 2016, tandis que les dépenses des ménages consacrées au logement ont augmenté de 28%, devenant le premier poste de la dépense de consommation finale des ménages.

L’attente moyenne de onze ans pour un logement social dans la Métropole est inacceptable. Les campagnes hostiles de certains Maires de droite et de la région Île-de-France contre le logement social exacerbent cette situation, chassant les couches moyennes et populaires.

Les conséquences de cette crise sont inhumaines et vous le savez.  Les femmes victimes de violences domestiques restent prisonnières de foyers infernaux, et pendant ce temps, les marchands de sommeil s’enrichissent sur la misère humaine. Situation encore aggravée depuis la mise en place cet été du décret habitat du 29 juillet 2023.

Madame la Ministre, l’éloignement forcé des travailleurs de leur lieu de travail engendre une pollution importante et les transports en commun .sont surchargés. Les familles nombreuses vivent l’enfer dans des espaces exigus, la crise liée au covid a démontré les conséquences psychiques pour les familles et en particulier pour les plus jeunes.

Cette situation exige des mesures immédiates:

  • Encourager la remise sur le marché des logements vides, en particulier à Paris.
  • Dissuader les propriétaires de locations temporaires pour prévenir la transformation des centres-villes en « hôtellerie » temporaire. Il y a eu récemment des progrès pour aller vers un meilleur encadrement de ce phénomène, mais les contrôles sont à la charge des communes.
  • Permettre aux acteurs du logement social de continuer à construire en réduisant la TVA appliquée à leurs projets.
  • Soutenir financièrement les Maires qui construisent du logement social et imposer un quota minimum de 30% de logements sociaux dans les nouvelles constructions.
  • Contraindre les Maires récalcitrants à appliquer la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbain).
  • Libérer des terrains appartenant à l’État ou à des entreprises publiques à des prix encadrés pour la construction de logements sociaux.
  • Augmenter l’aide à la pierre pour les sociétés HLM afin de réduire leurs emprunts et permettre des loyers plus modérés.
  • Investir annuellement 30 milliards dans la rénovation thermique de l’habitat collectif, conforme aux engagements pris lors du Grenelle de l’Environnement.

Nous vous interpelons, Madame la Ministre, car il faut mettre fin à cette tragédie du manque de logements en particulier dans le parc social, qui ne cesse de s’aggraver.

Nous vous demandons un rendez-vous, auquel nous associerons des associations de defense pour le droit au logement, pour pouvoir échanger sur ce sujet avec vous

Patrice Leclerc