Lundi 30 juin 2025, le groupe Front-de-Gauche et citoyen-nes a tenu une conférence de presse sur la grave crise du logement dans la Métropole du Grand Paris.
L’intervention liminaire de Patrice Leclerc, Président du Groupe:
Mesdames, Messieurs,
Nous sommes face à une crise inédite par son ampleur dans l’accès à un logement digne à un prix abordable donc principalement dans l’offre de logements sociaux. 500 000 demandeurs à l’échelle de la Métropole, 20% de logements en suroccupation, 45% des logements sont peu ou prou des passoires thermiques.
Et chaque jour nous recevons des familles de salarié.e.s qui cherchent désespérément un logement. Elles doivent attendre dans la zone métropolitaine plus de 10 ans avant d’y avoir accès.
C’est une honte pour un pays comme le nôtre.
La première chose que je voudrais dire c’est ma colère que face à cette situation catastrophique la droite régionale continue son dénigrement systématique du logement social et de ses habitant.e.s.
Les mots de « ghetto » de « relégation » de « zone de non droit » sont utilisés par une certaine presse mais aussi par nombre d’élus de droite et d’extrême droite. Ces mots blessent, stigmatisent, réaffirmant sans cesse ce mépris de classe en espérant que cela serve de repoussoir. Ils font peur aux gens qui en arrivent à refuser des constructions de logements sociaux car ils craignent l’invasion des « cas soces » décrit par la droite régionale.
Pourtant, Michel Lepretre, Jacques Baudrier, Patrick Jarry qui sont à mes côtés aujourd’hui savent que ce n’est pas la réalité du logement social et de ses locataires.
Au moment de la crise du COVID on a rendu hommage aux salariés de première ligne qui ont continué à effectuer leur travail. A-t-on dit une seule fois que cette France-là, vivait pour l’essentiel dans le logement social. Le président de la RATP, Jean Castex, pleure le manque de logement sociaux en métropole pour loger ses chauffeurs et salariés de la RATP. Difficile revers de la médaille pour celui qui premier ministre n’a rien fait pour le logement social !
Quelles sont les causes principales du recul dans la construction du logement social dans la Métropole du Grand Paris.
En premier lieu l’État et les différents gouvernements depuis 2017.
Nous sommes en 2025 en nombre de construction, tout type de logements confondus revenus au niveau du début des années 90. Le gouvernement qui a inventé la RLS ponctionne chaque année les bailleurs sociaux de 1,3 milliards d’euros. Ce qui réduit leur capacité à construire de nouveaux logements
L’aide à la pierre n’existe quasiment plus, l’argument étant qu’il reste des fonds disponibles mais cela traduit le faible nombre de projets de construction. Alors qu’on a mis des milliards en Pinel pour aider les propriétaires qui louait ensuite cher leur investissement, l’État ne mettait que des millions pour l’aide à la pierre. Le Pinel est fini le Gouvernement parle de refaire un dispositif mais toujours pas d’augmenter l’aide à la pierre.
Cette année c’est 400 millions de moins pour la rénovation énergétique du parc social.
La TVA reste à 20% pour la construction de logements sociaux.
Comme le disait Stéphane Peu en commission logement de l’Assemblée nationale le logement social rapporte le double de ce qu’il coûte au budget de l’État. On marche sur la tête.
La logique qui prévaut depuis les années Sarkozy du « tous propriétaires » n’a pas résisté à l’augmentation des taux d’intérêts des prêts immobiliers et à la faiblesse des revenus des ménages. Même s’il y a eu un effort sur le prêt à taux zéro. Qui peut croire que dans l’a métropole l’accession à la propriété est la solution pour les demandeurs de logements sociaux ? Qui peut encore acheter à Paris et en petite couronne ?
Sur la question du logement ce gouvernement n’a aucune politique à moyen et long terme, si ce n’est favoriser sa marchandisation.
Pour ne retenir qu’un seul chiffre on est passé de 2,2% du PIB pour le logement en 2010 à 1,6% en 2025.
La Région île de France n’est pas en reste dans l’accompagnement du recul des aides à la construction de logements sociaux.
« Au pire de la crise du logement, la Région déclare une année blanche dans l’aide au logement social » -titrait le Monde- au moment du vote du budget de la Région.
« Après avoir diminué de 55,8% l’aide au logement entre 2015 et 2023, la Présidente Pécresse décide d’une année blanche ».Elle refuse toute aide aux communes ayant déjà atteint ou dépassé les 25% de logements sociaux de la loi SRU. La droite régionale confond le plancher de la loi SRU avec le plafond. Elle entretient la pénurie en pensant que 30% de logements sociaux c’est bien quand il y a 70 % des habitants d’Ile-de-France éligible au logement social.
De ce fait elle décourage les maires bâtisseurs, comme elle encourage ceux qui refusent toute construction de logements sociaux.
La crise actuelle du logement social en Ile-de-France est le bilan des politiques de la majorité UDI/LR de la Région.
Enfin troisième raison à l’exacerbation de la crise du logement social, c’est l’égoïsme d’un certain nombre de Maires de droite qui refusent obstinément de construire quitte à payer des amendes.
Sur 131 communes qui composent notre Métropole 56 ne respectent pas la loi SRU. Ce sont ces maires qui mettent en échec le PMHH à la Métropole. La droite vote le SRHH et ses objectifs de construction et refusent le même chiffre mais décliné par ville. Excusez-moi l’expression, mais je n’ai pas trouvé mieux : C’est le bal des faux culs.
Je mets à votre disposition la liste des villes qui refusent d’appliquer la loi et je vais tenter de déconstruire leur argumentation.
Le premier argument avancé par mes collègues de droite est le refus de densifier.
Nous le savons tous, si nous ne voulons pas d’une ville qui s’étende sur les terres agricoles ou boisées il faut construire la ville sur la ville.
Comment comprendre que certaines villes accordent des permis de construire pour des opérations immobilières privées et ne trouvent pas l’espace pour la construction de logements sociaux ?
L’argument avancé est le prix du foncier et la non-rentabilité de la construction d’un parc social.
Mais je parle sous le contrôle de mon ami Jacques Baudrier, comment se fait-il qu’une ville comme Paris dont le prix du foncier est l’un des plus cher de notre Métropole fait régulièrement progresser le % de logements sociaux et que d’autres n’y arrivent pas. Ces choix politiques ont pour conséquence la pression des demandeurs dans les localités en grande majorité de gauche qui elles continuent de construire du logement social.
Pour déconstruire cet argumentaire de mes collègues de droite il faudrait pouvoir décomposer le chiffre du nombre de logements construits en séparant en 3 catégories : les constructions ou agrandissements de propriétés individuelles, les logements sociaux et les opérations immobilières visant l’accession à la propriété. Je vous mets au défi en interrogeant les sites officiels de trouver cette répartition. Nous allons nous adresser au Ministère du Logement et à la Direction générale des collectivités locales pour que ces données soient publiques.
J’ai parlé à l’instant des fraudeurs à la loi SRU.
Je vais vous parler maintenant de ceux qui utilisent les failles de la loi SRU. Ils ont construit le nombre de logements sociaux qui leur permet d’atteindre l’objectif chiffré. Mais il convient de regarder dans le détail le type de logements sociaux. Certaines villes construisent du PLS, des résidences pour personnes âgées ou des résidences étudiantes mais ne construisent pratiquement aucun PLAI.
Ils échappent ainsi à l’amende mais n’aident en rien à la résorption de la demande en logements très sociaux ou à prix abordables.
Enfin une troisième catégorie de satrapes égoïstes soutiennent voire organisent la fronde de riverains à la construction de logements sociaux.
« On m’oblige à construire du logement social ». Dans un article publié le 26 juin sur le site de l’Institut Paris région, cette thèse qui veut que si l’on construit du logement social on va perdre les élections est contredite par les auteurs : « Être une commune bâtisseuse ne constitue pas clairement une cause systématique d’échec dans le cadre des élections municipales, surtout si cette politique a été accompagnée d’un discours clair et assumé. »
Ce sont l’ensemble de ces raisons qui font capoter le PMHH. La Métropole aussi volontariste qu’elle soit ne pourra pas palier les manques de l’État et de la Région.
Le SRHH qui avait fixé des objectifs par territoires et que le PMHH devait décliner ville par ville se heurte à l’égoïsme de nombreux Maires de droite.
On ne pourra débloquer le verrou du refus de la construction de logements sociaux que si les amendes deviennent réellement dissuasives. Et si bien entendu les Préfets s’attachent concrètement à l’application de la loi.
Face à l’ampleur de la crise, il faut une politique nationale, régionale, métropolitaine, territoriale et communale volontariste.
C’est l’égoïsme de la droite gouvernementale, régionale et municipale qui est le principal frein à une nécessaire mobilisation métropolitaine pour permettre l’accès de toutes et tous à un logement abordable dont le logement social est la part principale.
PROPOSITIONS DU GROUPE FRONT DE GAUCHE
- Encourager la remise sur le marché des logements vides, en particulier à Paris.
- Dissuader les propriétaires de locations temporaires pour prévenir la transformation des centres-villes en « hôtellerie » temporaire. Il y a eu récemment des progrès pour aller vers un meilleur encadrement de ce phénomène, mais les contrôles sont à la charge des communes.
- Permettre aux acteurs du logement social de continuer à construire en réduisant la TVA appliquée à leurs projets.
- Construire 13 logements pour 1000 habitants dans chaque ville
- imposer 30% de logements sociaux dans le flux des constructions neuves
- Soutenir financièrement les Maires qui construisent du logement social et imposer un quota minimum de 30% de logements sociaux dans les nouvelles constructions.
- Contraindre les Maires récalcitrants à appliquer la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbain).
- Libérer des terrains appartenant à l’État ou à des entreprises publiques à des prix encadrés pour la construction de logements sociaux.
- Augmenter l’aide à la pierre pour les sociétés HLM afin de réduire leurs emprunts et permettre des loyers plus modérés.
- Abroger le RLS.
- Investir annuellement 30 milliards dans la rénovation thermique de l’habitat collectif, conforme aux engagements pris lors du Grenelle de l’Environnement.
